Adoptée le 28 mai 2010, la loi sur la parité absolue Homme-Femme suscitait beaucoup d’espoir. Ainsi, on note au parlement de 2017 à 2022, 43,3%de femmes. Cette entrée massive des femmes dans les instances de décision n’est que l’arbre qui cache la forêt. L’on a constaté que par le passé, des listes non paritaires ont participé à une élection locale. Et à deux mois des prochaines locales, la question de la parité est remise au goût du jour par l’Association des Juristes Sénégalaises, qui souhaite qu’elle soit effective.
Les inégalités Homme-femme sont une réalité encore plus dans la société sénégalaise. Le Sénégal a tenté d’y mettre un terme en adoptant la loi 2010-11 sur la parité Homme-Femme, qui exige une représentation égale des hommes et des femmes dans les instances électives et sélectives. Cette loi impose d’ailleurs 3 obligations pour la constitution des listes de candidature : l’alternance des hommes et des femmes sur les listes de candidature, l’application de la parité sur les nombres de candidats paires et la parité devient une condition de recevabilité des listes de candidature. Mais ces conditions ne sont pas respectées par les différents partis. C’est fort de ce constat que l’Association des Juristes Sénégalaises a organisé un forum sur le thème « L’effectivité de la loi sur la parité : une exigence aux élections locales » dans le but d’inverser cette tendance en vue des locales de janvier. « Si les femmes n’arrivent pas à être maires, on souhaite qu’il y ait un taux intéressant de femmes maires. Car la question de la participation politique des femmes dans les instances électives et semi-électives ne se règle pas à la périphérie, elle se règle au centre », a déclaré Dr Zeinab Kane, secrétaire général de l’AJS.
Bien qu’il incombe aux autorités de mener à bien à ce combat notamment en veillant à son applicabilité, l’AJS plaide pour un engagement total des femmes dans cette lutte. « Plusieurs facteurs rendent l’effectivité de cette loi difficile. Il y a les pesanteurs socioculturelles, des personnes qui vont vous rabaisser en vous dissuadant de prendre certaines décisions. La parité que l’on souhaite toutes, ne nous sera pas offerte, on l’acquerra au prix de négociations rudement menées », pense la secrétaire de l’AJS.
Venu soutenir le plaidoyer de cette association, Alioune Tine a lancé un appel aux différents acteurs : « Nous interpellons les autorités publiques et les partis politiques par rapport aux investitures qui sont en train d’être faites afin qu’elles respectent la loi sur la parité. Parce que sans la participation politique des femmes, on ne peut pas espérer du développement de notre pays ou de notre continent ». L’AJS se dit confiante quand à une participation paritaire des femmes lors des prochaines locales étant donné le caractère obligatoire de la présence de femmes sur les listes sous peine d’être irrecevables. Le rôle de la sensibilisation a aussi été évoqué, à cet effet, l’association préconise l’organisation d’autres panels, d’ateliers de formation, la capacitation des femmes mais aussi le rappel des dispositions de la loi et de son décret d’application pour que les commissions soient paritaires. « Si les bureaux et les commissions n’obéissent pas aux critères de la parité, des voies de recours existent. La cour peut être saisie dans un délai de 5 jours », évoque Dr Zeinab Kane.