L’assassinat de femmes survenu ces derniers jours dont celui de Binta CAMARA, a suscité indignation et colère à travers les médias et les réseaux sociaux. C’est ainsi que la plateforme « femmes, osez les médias », une plateforme Facebook composée de jeunes des organisations de la société civile (créée en 2018 à l’issue d’une formation sur les médias sociaux organisée par l’Institut PANOS à l’endroit des jeunes des organisations de la société civile et de défense des droits humains), a décidé d’organiser une marche pour dénoncer les violences faites aux femmes et aux enfants.

Au même moment, d’autres organisations de la société civile ainsi que des plateformes Facebook comme « Femmes chic », « à nos fourneaux » ont eu l’idée d’organiser elles aussi une marche.

Ces organisations de la société civile et ces plateformes Facebook, qui pour la plupart se connaissent,  ont décidé de tenir une activité commune, de parler d’une seule et même voix en organisant un Sit-in suivi d’un point de presse contre les violences faites aux femmes et aux enfants.

En vue de réussir le pari de la mobilisation, ces acteurs de la société civile ont décidé de mettre en place un collectif dénommé « ≠Dafadoy : collectif contre les violences faites aux femmes et aux enfants : »qui regroupe l’ensemble des acteurs.

Les violences demeurent l’une des principales difficultés auxquelles les femmes sont confrontées.

En effet, les cas de violences relayés par les médias en constituent une parfaite illustration. Le cas de Binta n’est certainement que le côté visible de l’iceberg puisque de nombreux cas sont passés sous silence avec le poids des traditions et coutumes. Beaucoup de femmes ne souhaitent pas enclencher des procédures judiciaires préférant la voie du silence ou parfois la médiation par crainte des représailles de la société. Les violences  qui revêtent plusieurs formes (morales ou psychologiques, économiques, physiques, conjugales) sont toutes  prévues et sanctionnées par le Code Pénal.

Ces violences qui peuvent aller jusqu’à porter atteinte à la vie des victimes ont de graves incidences  dans leur vie  et leur laissent des séquelles qu’elles ne peuvent pas oublier,Les rapports des Boutiques de Droit de l’AJS de l’année 2017 font état de1340cas de femmes victimes de violences. Lesquelles renvoient à la répudiation, au défaut d’entretien, aux mauvais traitements, excès, sévices, injures, abus sexuels etc.

Pourtant, le Sénégal dispose d’un arsenal juridique protecteur des droits des femmes et des enfants.

Au plan international, le Sénégal est partie à la Convention sur l’Élimination des Discriminations à l’Égard des Femmes (CEDEF), qui interdit toute discrimination à l’égard de la femme, et oblige les États parties à prendre toutes les mesures appropriées, y compris les dispositions législatives pour une meilleure réalisation des droits de la femme et de la fille.

La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, également ratifié par le Sénégal, fait obligation à l’État de veiller à l’élimination de toute discrimination contre la femme, leurs droits égaux au respect de la vie et à l’intégrité physique et morale (article 4). En outre le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits de la Femme dit Protocole de Maputo, contient de nombreuses dispositions protégeant les femmes contre les MGF (article 5),et certaines formes d’abus notamment le harcèlement sexuel en milieu scolaire (article 12(1) (c)).

Au plan national, plusieurs engagements sont pris en vue d’harmoniser ces textes avec la législation nationale notamment la Constitution du 22 Janvier 2001 qui a inscrit l’égalité comme principe fondamental.

Au-delà du préambule qui pose l’égalité comme une ligne directrice de la gouvernance économique, politique et sociale, le principe d’égalité et de non-discrimination est largement développé dans la Constitution à travers plusieurs articles dont les articles 1, 3, 7, 14. Ce qui traduit la ferme volonté du Sénégal de s’inscrire résolument dans la mise en œuvre de ses engagements nationaux et internationaux.

 En plus de la Constitution,  la loi 99-05 du 29 Janvier 1999 vient modifier certaines dispositions du Code Pénal en réprimant les violences (J.O. du 27 février 1999, p. 832). Cette loi permet essentiellement de réprimer : La pédophilie, les violences conjugales, les mutilations génitales féminines (l’excision) et le harcèlement sexuel. Elle a défini le viol et a rendu plus sévères les sanctions pénales.

Ce cadre juridique contribue à corriger les inégalités de genre et permet de mieux protéger les femmes contre les violences.

Du côté de la société civile notamment les organisations de défense et de promotion des droits des femmes, beaucoup d’actions sont menées. Leurs voix se font de plus en plus entendre dans le but de susciter plus d’adhésion à la cause des femmes notamment des décideurs politiques et des leaders religieux. C’est dans l’effort concerté et continu que les violences faites aux femmes seront éradiquées.

Ce Sit-in a pour objectif d’attirer l’attention des autorités sur la recrudescence des violences faites aux femmes et aux enfants et de les interpeller  sur les mesures urgentes et efficaces à prendre  pour lutter contre ce fléau.

Spécifiquement il s’agira de :

  • sensibiliser sur les violences faites aux femmes et aux enfants
  • réclamer que la justice sénégalaise soit appliquée dans toute sa rigueur par rapport à ces violences qui gangrènent le quotidien des femmes et des filles.
  • soumettre un mémorandum aux autorités avec des recommandations fortes

Le Sit-in aura lieu le 25 mai 2019 à la place de la nation de 10 heures à 13 heures. Elle sera marquée par la présence des jeunes de la société civile, des organisations de défense des droits des femmes, des droits humains, des activistes ainsi que des décideurs.

Chaque organisation aura deux minutes pour délivrer un message fort. A la fin un mémorandum destiné au Président de la république sera remis aux autorités. Dans la plateforme « femmes, osez les médias ! », il y’a plusieurs organisations dont : AJS, WILDAF, SOS EQUILIBRE, RESEAU SIGGIL JIGGEN, COSEF, CLVF, YWA SENEGAL, ASAWA, AFRIAN GIRL, FAFS, ANAFA, FORUM SOCIAL SENEGALAIS, HOMDEDEFF, CLVF, ROAJEF

Liste des membres duCollectif  Dafadoy

  1. AJS
  2. Femme Chic
  3. A nos fourneaux
  4. CEGID
  5. Warkha TV
  6. Manooré FM
  7. Association des étudiants ressortissants de Tamba
  8. Hom DEDFF
  9. APAF
  10. REJOGDHU
  11. RENOFIT
  12. SYSC
  13. SOS Equilibre
  14. PasSansElles
  15. Caucus des femmes leaders
  16. Sunu War
  17. ROAJEF
  18. ANAFA
  19. Mouvement des jeunes Madibariste
  20. AFARD
  21. Forum Social Sénégalais
  22. Collectif CPPE
  23. Réseau Siggil Jiggen
  24. FemNet
  25. ASAWA
  26. WiLDAF
  27. Nénuphar
  28. Afriyan Girl
  29. AFAO
  30. CAEDHU
  31. Association des femmes syndicalistes
  32. FAFS
  33. AFSDU
  34. FECSDA
  35. Cosapere
  36. COSEF
  37. YWA / Senegal
  38. Remidev
  39. Repsfeco
  40. CNTS
  41. SUNUWAR

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