Allocation de la Présidente de l’AJS à l’occasion du lancement des 16 jours d’activisme

Madame la Ministre de famille, de la femme, du genre et de la protection de l’enfant ;

Distingués invités en vos rangs, grades et qualités ;

Mesdames, messieurs ;

La violence faite à la femme constitue une forme de discrimination et une violation des droits fondamentaux de la personne humaine.

Plusieurs définitions sont couramment utilisées pour la définir  dans le contexte des violences basées sur le genre, notamment:

  1. Tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin er causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contriante ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée (Organistion des Nations Unies).
  2. Toute violence faite à l’égard d’une femme parce qu’elle est une femme ou affectant les femmes de manière disproportionnée (Convention du Conseil de l’Europe sur la Prévention et la Lutte contre la Violence à l’Egard des Femmes et la Violence Domestique, Avril 2011).

Dans le contexte sénégalais, il s’agit surtout de comportements individuels ou collectifs contre la femme ou la  fille qui conduisent à une attteinte à son intégrité physique notamment par des coups et blessures, véritables actes de négation de la dignité humaine. Lorsqu’ils ne sont pas mortels, ces comportements traumatisants pour la victime, laissent des conséquences physiques et mentales graves.

Ces comportements se traduisent par des violences physiques et sexuelles, psychologiques, morales, conjugales, économiques comme en attestent les statistiques des boutiques de droit de l’AJS.

Ces Boutiques, implantées à la Médina, Pikine, Thiès, Kaolack, Ziguinchor et Sédhiou ont enregistré de janvier à Octobre 2019, 9245 cas de violences faites aux femmes et aux filles, dont 1206 portant sur des violences sexuelles.

Madame la Ministre, vous conviendrez avec moi que ces chiffres sont alarmants si l’on sait que ce n’est que la partie visible de l’iceberg, parce que la dénonciation des violences contre les femmes n’est pas encore ancrée dans la culture sénégalaise, le sutura étant dévié de ses nobles objectifs primaires.

Quelles que soient leurs formes, les violences sont un frein pour le développement parce qu’elles constituent des entraves à la pleine participation, au plein épanouissement, à l’éducation, à la réalisation de tout le potentiel des personnes qui les subissent. Elles sont avant tout, une violation de leur droit à la sécurité, à la santé, à l’intégrité physique, à la pleine possession de leur corps, au bonheur, à la liberté d’aller et de venir, de procréer et surtout de ne pas subir les choix d’autrui.

Ainsi, ces formes de violences constituent avant tout, des conduites antisociales sanctionnées par le droit pénal qui en précise les conditions d’incrimination et déterminent des peines. C’est dans cette logique que la loi n°99-05 du 29 janvier 1999  a apporté des sanctions et aggravé d’autres violences sexuelles.

Qu’elles se déroulent dans la sphère publique ou dans le cadre familial, les agressions à caractère sexuel ont des conséquences désastreuses sur les victimes.

Il s’agit de violences qui ne peuvent être tolérées.

Le viol, forme la plus répandue des violences sexuelles, est omniprésent dans notre société. Le viol est un acte de torture physique et mental banalisé et dont la gravité est généralement minimisée. Il est donc indispensable de sensibiliser le public et  de rappeler la nécessité de sanctionner cet acte criminel qui fait tant de victimes dans le monde. Les traumatismes qu’il engen­dre sont tragiques et méritent d’être traités avec la plus grande attention.

Madame la Ministre, nous ne pouvons pas terminer nos propos sans mettre un accent particulier sur l’inceste, qui est un fléau causant des ravages dans notre pays.

Madame la Ministre, les victimes d’inceste étant dans le desaroi total, ont souvent recours à l’infanticide qui constitue comme l’a révelé le dernier rapport du Haut commissariat aux droits de l’homme en partenariat avec l’AJS, la 2ème cause d’incarceration des femmes avec un taux de 16%.

Beaucoup de condamnations sont prononcées avec à la clé, des situations dramatiques de rejet par les familles.

Leurs enfants ne sont pas épargnés dans la mesure où ils seront sans identité complète parce que ne pouvant pas être déclarés par leur père. Ces enfants sont indexés et discriminés toute leur vie durant pour des fautes dont ils ne sont pas les auteurs.

Madame la Ministre, la problématique des violences faites aux femmes et aux filles est une question transversale autour de laquelle tout le monde est interpellé afin d’apporter sa contribution en vue d’aboutir un jour, à l’éradication de ces violences, notamment les violences sexuelles telles que le viol et l’inceste.

Ces barbaries qui mettent en péril la sécurité des femmes et des filles, la cohésion sociale, et installent la peur et la psychose partout, se passent pour la

plupart dans la sphère familliale et sont commises de plus en plus avec une atrocité inimaginable.  

La tolérance zéro doit être de mise pour protéger les femmes et les filles d’une atteinte à leur intégrité physique et mentale au détriment de leur vie.

L’AJS interpelle toute la communauté et exhorte l’État, en tant que premier garant des droits humains, à urgemment renforcer la protection des femmes et des filles.

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